Critique
FORMER LE LIEN
Bertrand NAIVIN, Critique d'art
Tracés à la pierre noire sur un fond peint, des visages nous regardent. Ils sont ceux de Pablo, de Frida, d'Owen ou d'Enhtuya, des artistes ou des inconnus croisés par Frédérique Samama au hasard de la vie. Dessiner leurs traits sur la toile devient alors pour la peintre le moyen de « s'immiscer dans les plis et les replis de leur être ». Une communion qui la fait s'affranchir de l'anecdote et ne s'attacher qu'à leurs yeux, leur bouche, leurs mains, ces parties du corps avec lesquelles nous entrons en contact avec l'autre par un regard, par une parole, ou par une poignée de main. Quant au fond, il est peint et révèle « des fragments où se reflète le récit » de leur vie. Un ensemble de fragilité et de force, de sagesse et de doute qui fait de ces inconnus des alter ego à qui nous pouvons confier nos joies et nos peines, nos certitudes et nos doutes.
Au gré de ses tableaux, Frédérique Samama dresse donc le portrait de notre humanité et donne forme à l'informe de nos existences, réalisant ainsi la plus grande des œuvres : le lien avec l'Autre.
